« Oser en parler, tout simplement. »
Je m’appelle Isabelle Moirez. Je suis Directrice du programme « We Care », qui est le programme de santé et de bien-être pour le Groupe BNP Paribas dans le monde.
Comment la perception de la santé mentale a-t-elle évolué chez BNP Paribas ?
Elle est désormais prise en compte. Je pense que c’est ça qu’il faut pouvoir souligner. Et le déclencheur, ça a clairement été la crise sanitaire, la crise COVID en 2020, qui a accentué des phénomènes comme l’isolement pour beaucoup de personnes, et puis aussi la santé mentale des jeunes, qui est apparue comme étant très fragilisée.
À partir de ce moment, BNP Paribas a vraiment lancé son programme de santé et de bien-être et a mis la santé mentale comme priorité.
Pourquoi la santé mentale est-elle un enjeu stratégique pour BNP Paribas ?
Pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’avoir des collaborateurs qui vont bien, qui ont une charge mentale bien gérée et une bonne santé mentale, c’est effectivement bien pour eux, pour leur bien-être, mais c’est aussi un facteur d’efficacité pour l’entreprise.
Le principal défi pour les entreprises, c’est que la santé mentale, ce n’est pas facile d’en parler dans l’entreprise. Pour un collaborateur, dire qu’il va voir un psychologue ou un psychiatre, qu’il se fait soigner ou suivre, ou même qu’il utilise les dispositifs mis en place par l’entreprise, ce n’est pas facile. Et c’est cette principale difficulté à laquelle nous sommes confrontés.
Quelles actions mettez-vous en place pour renforcer la prise en compte de la santé mentale chez BNP Paribas ?
La principale action que nous avons mise en place, c’est de mettre la santé mentale dans un accord d’entreprise signé au niveau mondial avec nos partenaires sociaux. L’objectif est que 100 % de nos collaborateurs, partout dans le monde, puissent bénéficier de soutien psychologique, d’écoute psychologique. Aujourd’hui, ce taux est à 98 % et nous visons d’atteindre ces 100 % d’ici la fin de l’année 2026.
Quel impact ces actions ont-elles eu sur vos équipes et votre culture managériale ?
Il y a déjà une forme de libération de la parole. Enfin, on parle de santé mentale au sein de l’entreprise. C’est un sujet qui devient un peu plus ouvert. Donc ça, c’est clairement une bonne nouvelle.
Le contrepoids, c’est que les collaborateurs se demandent : « Mais pourquoi est-ce que l’entreprise s’intéresse à ce sujet ? Est-ce que c’est bien son rôle ? Est-ce que ce n’est pas un sujet finalement personnel ? »
Nous devons combiner ces deux aspects, et c’est tout l’enjeu de ce sujet en entreprise.
Comment vivez-vous la place croissante de la santé mentale dans les conversations RH et managériales chez BNP Paribas ?
Je le vis très bien. Je vis très bien le fait que la santé mentale soit dans les conversations aujourd’hui, que ce soit un sujet un peu plus libéré. Avec aussi une forme de soulagement, parce que c’était un peu comme si on ne s’autorisait pas par le passé à parler de ce sujet.
Et puis j’y vois aussi une forme de responsabilité. On parle souvent de RSE, avec un S pour le volet social, et sur le sujet de la santé mentale, il y a une vraie responsabilité de l’entreprise à s’en occuper et à la prendre en considération pour ses collaborateurs.
Quel message souhaitez-vous passer à vos pairs ou aux dirigeants ?
D’oser en parler, d’oser libérer la parole. On se rend compte des bienfaits d’ouvrir certains sujets. Sur le sujet de la santé mentale, il y a clairement besoin d’y aller et de ne pas avoir peur.
Quel serait votre mot d’ordre pour faire avancer la santé mentale au travail ?
Osez, tout simplement.

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